Prostitution :
ni du sexe, ni un travail
La question de la prise de position de MeTooMedia sur la prostitution s’est posée au sein de notre association : parle-t-on de travailleuses du sexe ou de victimes de violences sexuelles ? Karin Bernfeld, ambassadrice de MeTooMedia, autrice et experte sur ces questions a pu nous guider vers des articles scientifiques et de nombreux témoignages. Aucun doute : pour l’immense majorité des victimes, la prostitution est génératrice de souffrances. Elle impose des actes sexuels sans désir à des personnes précaires ou psychologiquement fragilisées par des abus subis dans l’enfance et l’adolescence. Il s’agit d’un système de domination au service de trafiquants, de proxénètes et de clients consommateurs, dont 99% sont des hommes. Ainsi, le système prostitutionnel se fonde sur la soumission au plaisir masculin de femmes principalement, mais aussi d’hommes et d’enfants. En France en 2023, 94 % des victimes enregistrées par les services de police et de gendarmerie sont des filles ou des femmes. D’après les forces de sécurité, 30 à 40 000 personnes sont actuellement en situation de prostitution. Ces chiffres sont jugés sous-évalués en raison des ventes de services par internet où les offres de mineures dépassent désormais celles des majeures[1].
Prostituée n’est pas un métier : d’ailleurs a-t-on déjà lu une annonce sur France Travail à ce sujet ? Non. Ce serait illégal en France. Avec la loi de 2016 contre le recours à la prostitution, celle-ci constitue une infraction pour le client. L’achat d’actes sexuels sanctionne les clients d’une contravention de 5ème classe (1 500€ pour une première infraction et 3 750€ en récidive). La loi ne laisse aucune ambigüité, elle considère les personnes en situation de prostitution comme des victimes.
Clairement, MeTooMedia s’inscrit dans l’esprit de la loi. Metoomedia lutte contre toutes les violences sexuelles sans exception : prostitution comprise. En conséquence notre association ne peut tolérer le recours au sexe tarifé avec des escorts girls en fin de tournage ou d’émission par exemple. MeTooMedia soutient et soutiendra ces jeunes femmes (et parfois ces hommes) au même titre que les personnels administratifs, les actrices, les journalistes, les techniciennes ou les membres du public victimes de violences sexuelles au sein des mondes des médias et de la culture.
[1] Source : Office central pour la répression de la traite des êtres humains (OCRTEH), état de la menace 2022